Pour «Next», l’écrivain anglo-libanais Percy Kemp en appelle aux divinités grecques pour sauver l’humanité submergée par le trop-plein de mots.

Aujourd’hui je vous raconterai comment Zeus, l’Assembleur de nuées, nous sauva du déluge de mots qui s’était abattu sur l’humanité et menaçait de l’emporter.

En vérité, ce fut Phoebos Apollon qui souleva le problème le premier. Nous étions tous réunis autour du père des dieux et des hommes dans son palais de l’Olympe aux mille replis lorsque Apollon, le seigneur Archer, se leva et s’adressa ainsi à notre divine assemblée : «Ô Immortels, dit-il, les humains font des mots un usage inconsidéré, les multipliant sans y penser, s’en gargarisant à satiété et en faisant un commerce acharné. Il est aujourd’hui sur terre bien plus de mortels qui parlent qu’il n’en est qui écoutent, et bien plus qui écrivent qu’il n’en est qui lisent. Même l’art n’est pas épargné par cette logorrhée. Ainsi, en France, chaque année, au mois festif de boédromion marquant la fin de l’été, des centaines de nouveaux romans sont lâchés sur le marché en une seule folle journée que les Français appellent la rentrée. Année après année, ces publications dont le nombre ne fait qu’augmenter et les incalculables commentaires qu’elles ne manquent jamais de susciter noient dans leur flot verbeux les vraies expressions de la Beauté qui tentent d’émerger et en empêchent bien d’autres ne serait-ce que d’exister. Il nous incombe, ô Immortels, d’y remédier.»

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